Au crépuscule du 15 avril 2019, les yeux de nombreux Français étaient rivés sur Notre-Dame de Paris. Symbole de la ville et de l’art gothique, la cathédrale irradiait de flammes. Sidérée par la scène, la population n’a pas caché son affection pour ce patrimoine : plus de 840 millions d’euros de dons ont été réunis pour reconstruire l’édifice, qui devrait rouvrir ses portes pour les Jeux olympiques de 2024. En plus du bâtiment, l’attention s’est portée sur la flèche, le transept, le mobilier, l’orgue aux 8 000 tuyaux et les 22 peintures datant des XVIIe et XVIIIe siècles, présents dans la cathédrale lors de l’incendie. Comment les restaurer et les conserver au mieux ?
1905 : une loi toujours en vigueur
Les objets religieux et cultuels sont très variés. Leurs matériaux (vitrail, bois, plâtre, pierre, toile) comme leurs usages les différencient : cercueils, tableaux, instruments, meubles, outils de cultes (ciboires, candélabres...), vêtements, vitraux, tableaux et livres constituent une liste non exhaustive. À qui appartiennent-ils ? « Ce qui régit notre quotidien, c’est la loi de séparation de l’Église et de l’État, qui concerne les églises et quelques synagogues à Paris, explique Caroline Blondeau-Morizot, responsable de la conservation et de l’inventaire de l’Association diocésaine de Paris. Cette loi de 1905 définit qui est propriétaire de ces édifices et des objets qui y sont conservés ». Tout commence par un bras de fer : ce sont les inventaires du patrimoine religieux mis en œuvre en 1906 dans 70 000 édifices religieux qui fixent encore aujourd’hui les grandes lignes à suivre pour protéger, conserver et réparer les objets présents dans les lieux de cultes en France. Sauf en Alsace-Moselle, où la loi ne s’applique pas. Anne Fornerod, spécialiste en droit des religions et chercheuse au CNRS, détaille :…