Il aura fallu une semaine aux pompiers sud-coréens pour maîtriser les plus graves incendies de l'histoire du pays, qui ont principalement sévi dans le Gyeongsang du Nord et détruit 48 238 hectares, soit 80 % de la surface de Séoul. Selon les autorités, le dérèglement climatique a joué un rôle déterminant dans ce désastre. La région, qui souffrait depuis plusieurs mois d'importantes sécheresses et d'une chaleur inhabituelle pour un début de printemps, dépassant les 20 degrés, déplore 30 morts et 45 blessés. 37 000 personnes ont par ailleurs été évacuées dans cette région notamment connue pour abriter la cité de Gyeongju, ancienne capitale du royaume de Silla (57 av. J.-C. – 935 apr. J.-C.) mais aussi pour concentrer les forêts de pin. L'origine du feu serait humaine, mais involontaire : la police a identifié samedi 29 mars un homme de 56 ans, qui aurait déclenché le feu le 22 mars en allumant avec un briquet des branches pendant au-dessus de la tombe de ses grands-parents, qu'il nettoyait selon sa fille. Alimenté par des vents secs et violents, l'incendie s'est propagé de forêt en forêt, au point d'atteindre la région voisine du Gyeongsand du Sud. Dans le comté d'Uiseong, d'où est parti le feu, une partie du temple Gounsa, complexe bouddhiste fondé au VIIe siècle sur le mont Deungunsan, a été durement touché. Une vingtaine de ses 30 bâtiments ont été réduits en cendres, dont le pavillon de Gaunru, construit en 1668, et le pavillon de Yeonsujeon, édifié en 1774 sous le règne du roi Yeongjo (1694-1776) et transformé en 1904 pour célébrer l'empereur Gojong (1852-1904). Plusieurs objets, dont un Bouddha assis en pierre classé trésor national, ont toutefois pu être évacués intacts. Une centaine de pompiers se sont par ailleurs mobilisés pour protéger le village folklorique historique de Hahoe à Andong, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Cinq petits kilomètres séparaient les flammes de ce site érigé entre le XIVe et le XVe siècle, qui abrite un ensemble de hanoks, maisons de l'ère Joseon (1392-1910) à la charpente de bois et aux toits de paille. Sur terre ou depuis le ciel, les pompiers ont arrosé continuellement le village et ses environs avec des dizaines de milliers de litres d'eau provenant du fleuve Nakdong voisin. D'autres mesures préventives visant d'autres sites ont aussi été menées, notamment l'abattage d'arbres dans les zones proches de l'école Byeongsanseowon, une académie confucéenne du XVIIe siècle elle aussi inscrite sur la liste du patrimoine mondial.

© Photo Yasuyoshi Chiba/AFP.