« Le livre d’art, posé sur une table basse sans jamais être ouvert, est probablement dépassé, observe Delphine Halgand, responsable des éditions du musée du quai Branly. Nous devons être capables de modifier nos publications en restant sur ce fil très ténu entre une écriture plus digeste et un contenu absolument parfait. » Avec ses textes transversaux et sa couverture tissée, Carnets kanak joue davantage la carte atypique du carnet d’esquisses que du catalogue d’exposition. Pilote en matière d’édition muséale, la Réunion des musées nationaux (RMN) renouvelle depuis quelques années les écritures traditionnelles en histoire de l’art.
La collection « Pourquoi c’est connu ? », adaptée aux musées d’Orsay, du Louvre, puis au Centre Pompidou, plonge dans le courant de la narrative non-fiction, entre sciences et littérature. « Nous assumons notre approche décomplexée pour nous mettre dans la peau du public. Il en fut de même pour le catalogue de l’exposition ''Le rêve d’être artiste'', en 2019 au Palais des beaux-arts de Lille, avec des entrées par questions, une écriture plus légère… », explique Sophie Laporte, directrice des éditions de la RMN. Le sous-titre de l’ouvrage est limpide : « Le livre qui raconte comment les artistes sont devenus des artistes ». Le ressort narratif se mue parfois en écriture littéraire. Si les cinq premières publications de « Cartels », sous les plumes de Mathias Enard ou Zoé Valdés, n’ont pas connu de suite, la confrontation au regard de l’écrivain infuse nombre de musées.
Le ressort du conte
Au musée Barbier-Mueller de Genève, une collection d’ethno-contes a vu le jour en 2020. Ces récits pour enfants basés sur des travaux d’ethnologues, auxquels un dossier pédagogique en fin d’ouvrage est réservé, mettent en lumière des cultures traditionnelles en voie de disparition : les Kouya en Côte d’Ivoire, les Kararaô du Brésil et bientôt pour le cinquième opus, les Chepang de l’Himalaya. « Cette idée prend…