« Le problème quand on parle des "administrateurs toxiques", fait remarquer l'artiste Andrea Fraser, c’est que même si on a gain de cause auprès des musées et qu’on obtient leur éviction, on ne change pas vraiment le système. » En 2021, l'investisseur Leon Black choisit de ne pas se représenter à la présidence du MoMA de New York, poste qu'il occupait depuis 2018. Selon le New York Times, il a expliqué qu’il ne voulait pas « être une distraction pour l'institution ». Pendant les mois qui ont précédé cette décision, des manifestants – qui avaient découvert ses liens avec l'agresseur sexuel condamné Jeffrey Epstein – avaient exigé sa démission. Entretemps, Leon Black a été accusé deux fois de viol. Depuis cette controverse, le mode de fonctionnement des conseils d'administration (boards) des musées « n'a pas vu beaucoup de changements, déclare l'artiste et activiste William Powhida. En particulier au MoMA, où le principal changement a été que l’homme a quitté la présidence, mais reste trustee (membre du conseil d'administration, ndlr) ». Une fonction qu’il occupe depuis 1987.
Des institutions cloisonnées
Si cette polémique a atteint un tel paroxysme, c'est parce qu'elle illustre à sa façon le mode de gestion problématique de la plupart des musées américains, et, plus généralement, des organisations à but non-lucratif aux États-Unis. Le recrutement dans les conseils d'administration se fait dans une certaine opacité, « ils sont vraiment les seuls à pouvoir engager ou révoquer un membre », explique William Powhida. En d'autres termes, le board ne rend des comptes qu’à lui-même, sans qu’il y ait le moindre contrôle extérieur. D'un point de vue juridique, « le…