Sur une colline à l’ouest de Lisbonne, le palais d’Ajuda symbolise la politique culturelle du Portugal. Après 200 ans, l'édifice qui abrite le ministère de la Culture a pu être achevé récemment afin de recevoir le musée du Trésor Royal, résultat d’un investissement conjoint de la mairie et du tourisme de Lisbonne, cofinancé à hauteur de 4,4 millions d’euros par le ministère. C’est dans un immense bureau aux murs blancs situé au troisième étage du palais que le ministre de la culture Pedro Adão e Silva (parti socialiste) explique son action en matière de politique culturelle. Trois axes majeurs la définissent : consolidation, modernisation et décentralisation. « Notre pays dispose d’un grand patrimoine, c’est un avantage, affirme-t-il. Nous devons le préserver et investir pour le récupérer car c’est un facteur d’identité. Pas seulement dans une vision nostalgique ou mémorielle. » Le Portugal, qui en quelques années a connu un développement touristique sans précédent, est à nouveau placé « sur la route de l’intérêt et de la curiosité », selon Pedro Adão e Silva. Préserver, améliorer et innover sont devenus essentiels en matière de culture, résume le ministre, qui a pris ses fonctions en mars 2022.
L’art contemporain, enfin
L’une des premières mesures fortes prises par Pedro Adão e Silva a été de régler en partie la question du musée d’art contemporain du Centre culturel de Belém (CCB), fondation de droit privé d'utilité publique, dont le budget est inscrit au ministère de la Culture. Fin 2022, le gouvernement n’a pas renouvelé l’accord qui le liait à la collection José Berardo, ancien banquier qui fait l’objet de poursuites judicaires de la part de trois banques. Les œuvres d’art du collectionneur étaient montrées au CCB, mais gérées par la Collection Berardo, une structure privée. Le gouvernement a décrété la fin de cette entité et confié à la fondation CCB le soin de veiller sur les Klein, Mondrian, Chafes, Duchamp et Chagall de la collection. « Nous allons intégrer les très belles collections Ellipse et BPP (Banco privado português, ndlr) dans la collection d’art contemporain…