De loin, la culture est un enjeu que le gouvernement grec – mené depuis 2019 par le Premier ministre Kyriákos Mitsotákis, du parti de droite Nouvelle Démocratie – ne néglige pas. Ainsi le 15 février a été annoncée la rénovation complète du musée archéologique national d'Athènes. Des travaux de grande ampleur, pour une durée prévue de quatre ans, devraient augmenter la capacité du bâtiment achevé en 1893, qui accueille plus de 600 000 visiteurs par an, mais n'expose que 10 % de sa collection. Le projet du cabinet britannique David Chipperfield Architects et de son partenaire grec Tombazis comprend la création de deux niveaux de galeries souterraines et d'un jardin suspendu sur le toit, destinés à fournir 20 000 m2 d'espace supplémentaire, rapporte l'AFP. Pourtant, le lancement du projet à Athènes a été accueilli par des manifestants en colère, tandis que plusieurs musées étaient fermés pour cause de grève. Deux jours plus tôt, le Parlement grec a adopté une loi qui transforme en établissements publics autonomes cinq des plus grands musées archéologiques de Grèce. Le musée archéologique national et le musée byzantin et chrétien d'Athènes, le musée archéologique et le musée de la culture byzantine de Thessalonique, ainsi que le musée archéologique d'Héraklion, en Crète, ne seront ainsi plus sous tutelle du ministère de la Culture et du Service archéologique grec, mais régis par des conseils d'administration directement nommés par le gouvernement. La crainte, soulevée notamment par le parti d'opposition Syriza, est que ces musées prestigieux ne soient au centre de tractations politiques et diplomatiques. En effet, autre conséquence de la loi : le prêt d'objets antiques rares à des musées étrangers devrait être facilité. L'association des archéologues grecs, qui a saisi la justice, s'inquiète en particulier de ce que la ministre de la Culture Lína Mendóni nomme des « expositions sur le long terme » à la Grande-Bretagne, permettant le « retour et la réunification » des frises du Parthénon, dont les négociations ont encore été déboutées récemment par Londres. Ainsi le Financial Times rapporte que les fresques préhistoriques de Santorin auraient été « mentionnées à Athènes » dans le cadre de cet échange.