Vus de l'étranger, le Premier ministre grec Kyriákos Mitsotákis, également chef du parti conservateur Nouvelle Démocratie, et la ministre de la Culture Lína Mendóni font figure de héros de la culture. Sans relâche, ils ont repris le flambeau pour réclamer le retour des marbres du Parthénon conservés au British Museum. En Grèce même, il en est tout autrement. Les divers secteurs de la culture sont en ébullition, et les protestations se multiplient à l'encontre du gouvernement. Car tandis qu'une extension high tech du musée archéologique national est prévue à Athènes sous la signature de David Chipperfield (Pritzker Prize 2023), les travailleurs de l'archéologie et des musées craignent le démantèlement. La création contemporaine n'est pas en reste, comme l'a montré en début d'année la fronde contre un décret qui lèserait les travailleurs du spectacle vivant.
Qu'en est-il de l'art contemporain ? À Athènes, le ΕΜSΤ, musée national d'art contemporain rouvert en juin 2022 après 22 ans d'interminables tergiversations, en est le nouveau fer de lance. Signe du rôle politique important que le gouvernement lui attribue : le Premier ministre y est déjà venu deux fois en visite. Situé à quelques centaines de mètres des contreforts de l'Acropole, le nouveau musée accompagne la transformation massive d'Athènes, où depuis une douzaine d'années la gentrification s'est accélérée de manière spectaculaire. Après la crise de la dette publique, en 2008, les prix ont grimpé en flèche, notamment dans l'immobilier, victime de l'« airbnbisation », et cela malgré un salaire moyen qui stagne à 840 euros (à peine 60 euros de plus que le salaire minimum, l'un des plus bas d'Europe). Non sans provoquer la colère des Athéniens. La cité plurimillénaire, qui rayonne de sa culture antique et attire 7 millions de touristes par an (soit dix fois plus que sa population intra-muros), est aussi un bouillon…