Pour sa 14e édition, la Biennale de Gwangju, située à la pointe sud de la Corée, emprunte son titre au fondateur du taoïsme, Lao Tseu : « Doux et tendre comme l’eau ». Une sentence poétique qui se lit dans son célèbre Livre de la Voie et de la Vertu. L’événement cherche ainsi à emprunter des chemins vertueux sous l’égide de la curatrice Sook-Kyung Lee, conservatrice en chef à la Tate Modern (où elle a organisé une rétrospective dédiée à Nam June Paik en 2020) et commissaire du pavillon coréen à la Biennale de Venise 2015. Répartie sur cinq sites, dont le Musée national de Gwangju, la Biennale considère l’eau comme un modèle écologique capable d’« embrasser les contradictions et les paradoxes » de notre temps, grâce à sa fluidité. « Le rôle de l'art est d'aborder notre crise commune et de proposer des orientations futures : les conflits de race et de classe, l'urgence climatique et les préoccupations environnementales, sont autant de crises de dimension planétaire que les artistes de notre époque explorent », défend Sook-Kyung Lee. Les 79 artistes internationaux invités par la Biennale abordent en effet quatre thèmes dans l’air du temps. Soit la solidarité démocratique (dont Gwangju est un symbole depuis l’insurrection populaire contre le coup d’État militaire en 1980), la critique du modernisme, les migrations et les diasporas vues sous le prisme du post-colonialisme, et la justice écologique. À l’instar des enregistrements sonores de Tarek Atoui qui documentent les dégâts environnementaux des villes côtières, en travaillant avec les populations coréennes. Ou à l’image des œuvres interactives d’Anne Duk Hee Jordan qui s’intéressent à la vie sous-marine, et des pièces d’Edgar Calel qui rendent hommage aux rituels cakchiquels dans la culture indigène maya.
14e édition de la Biennale de Gwangju (Corée du Sud), « Soft and Weak like Water », du 7 avril au 9 juillet 2023.
14gwangjubiennale.com