Comment parler de la guerre aujourd’hui, comment l’exposer ? La question est d’autant plus cruciale que l’histoire militaire européenne se prolonge depuis un an avec le conflit en Ukraine. Si le Président de la République a présenté le 20 janvier les grandes lignes de la loi de programmation militaire 2023-2030 sous le signe de la « transformation des armées » – 413 milliards d’euros –, ce sont bien les idées de transformation et de modernisation qui animent également la politique culturelle du ministère des armées pour faire entrer ses musées dans le XXIe siècle. Tâche ardue : les trois-quarts sont méconnus ou souffrent d’une image poussiéreuse. Pourtant, fort de 27 musées (fréquentés par 1,8 million de visiteurs en 2022), 155 monuments classés ou inscrits, 450 kilomètres d’archives et un million d’ouvrages, le ministère des armées est le deuxième acteur culturel de l’État. Une goutte d’eau budgétaire certes (57,7 millions d’euros d’engagement sur 2022), au regard des autres actions du ministère, qui connaît cependant un élan inégalé depuis 2017. Il faut dire que « le centenaire de la Grande Guerre a eu un effet formidable », fait remarquer Nicolas Barret, à la tête du Mémorial de Verdun récemment restauré. Ce n'est pas un hasard si en 2015 est créé le programme Archange, fédérateur des 30 bases de données des musées et des services affectataires de biens patrimoniaux du ministère.
Prise de conscience
Déblocage de fonds, déringardisation, recensement… En témoignent les grands chantiers de rénovation des trois établissements publics sous tutelle ministérielle : le musée de la Marine, le musée de l’Air et de l’Espace et le musée de l’Armée. « Ces chantiers sont l’illustration d’une volonté politique de moderniser nos musées sur tous les plans : fonctionnement, sécurité, amélioration de l’accueil des publics, scénographie et vulgarisation scientifique, appuie Patricia Miralles, secrétaire d'État chargée des Anciens Combattants et de la Mémoire auprès du ministre des Armées. C’est une démarche totale, avec comme souci constant d’être en prise avec les nouveaux modes de médiation culturelle, en particulier le numérique. Et cela rejoint bien évidemment l’enjeu de toucher des publics plus larges, plus jeunes. » À cela s’ajoute la modernisation prévue du service historique de la Défense, dont les infrastructures saturées sont à repenser. Nouvelle ambition à hauteur de 200 millions d’euros…