Ce n'est pas dans l'eau des lacs des tableaux de Ferdinand Hodler (1853-1918) que Ugo Rondinone (né en 1964) est allé puiser pour remplir ces chevaux de verre aux tonalités intenses ou claires. Il a sillonné le globe pour prélever un peu d'or bleu et l'enfermer dans ses équidés coupés en deux, renvoyant aux lignes d'horizons du peintre. En tant que commissaire et artiste, Rondinone a plongé dans les collections encyclopédiques du musée d'Art et d'Histoire de Genève (800 000 numéros) pour n'en retenir que 300 œuvres. Il les met en scène avec ses propres œuvres en pointillé, dont certaines ont été créées pour l'occasion (dont l'installation de grandes « horloges » de verre). « Les œuvres de Rondinone sont transitives dans le parcours, c'est-à-dire littéralement qu'elles permettent de faire des transitions », relève Marc-Olivier Wahler, le directeur du musée. À partir de The Sun, une sculpture circulaire en bronze doré, le visiteur a la liberté de commencer le parcours par la forêt de soldats suisses de Hodler, érigés telles des stèles, par la droite, ou de traverser les figures féminines de Félix Vallotton (1865-1925), par la gauche. Au milieu, comme au point de symétrie se trouve The Moon, la version argentée de The Sun. En écho également, l'artiste en collaboration avec Frédéric Jardin, a inventé les garçonnières de Hodler et de Vallotton, des intérieurs chargés, reflet des goûts d'une époque. Cette exposition illustre la réflexion de Marc-Olivier Wahler pour repenser le rôle du musée, à l'aide de ces cartes blanches XL. Après Jakob Lena Knebl (« Walk on the Water »), Jean-Hubert Martin (« Pas besoin d’un dessin »), la proposition d'Ugo Rondinone en est donc le troisième chapitre.
« When the Sun Goes Down and the Moon Comes Up », jusqu'au 18 juin, musée d'Art et d’Histoire 2, rue Charles-Galland, 1206 Genève
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