Il est né en 1952 à Sainte-Adresse, cité normande qui trône dans la fameuse dictée de Mérimée - celle que Napoléon III massacra avec 45 fautes. Jean-François Rauzier, ancien photographe culinaire, aime à sa manière les scores élevés. Depuis quelques années, il se consacre à ce qu'il appelle l'hyperphotographie, où il condense en une seule image des milliers de clichés. Après s'être intéressé au thème de la tour de Babel, il poursuit dans sa dernière série le mirage baroque : les stucs, les marbres et les ors des couvents bavarois et des bibliothèques suisses se démultiplient à l'infini, provoquant un vertige architectural. Cette technique de l'horror vacui a été appliquée de manière convaincante à un autre sujet : le musée des Offices à Florence. Avec une méticulosité obsessionnelle, Rauzier a photographié toutes les œuvres exposées. « Elles sont plus de mille, reconnaît-il. J'y ai passé trois semaines et il m'a fallu ensuite un mois de travail pour aboutir à l'image finale. » Cherchez bien : de Donatello à Paolo Uccello, de Botticelli à Léonard, de Pontormo à Bronzino, ils sont tous là ! Rangés différemment, certes, mais en respectant les lois de la perspective. Cette synthèse parfaitement ordonnée est cousine des architectures utopiques de la Renaissance. Elle est aussi le vademecum absolu pour réviser son Chastel de poche !
« Jean-François Rauzier. Barockstrasse » à la galerie Guillaume (32, rue de Penthièvre, 75008), jusqu'au 4 février. La galerie Guillaume fête ses 20 ans avec une série de rencontres (avec Alain Tapié, Olivier Kaeppelin, Paul Ardenne, etc.)
galerieguillaume.com