Difficile d’échapper à toute allusion au Covid-19. Avant d’entrer dans la salle du premier étage de l’hôtel de Soubise, qui abrite le musée des Archives nationales, des dessins d’enfants, des plaquettes de prévention et des masques en tissu faits maison, accrochés aux murs du hall, replongent les visiteurs dans un temps plus proche que celui de la Peste noire du XIVe siècle. Une cabine permet même d’enregistrer des témoignages sonores du premier confinement. Programmée avant l’irruption de la pandémie, l'exposition « Face aux épidémies. De la Peste noire à nos jours » (jusqu’au 6 février), retrace les réactions individuelles et collectives face à la variole, au choléra, à la grippe ou au VIH. Les nombreux tableaux, photographies, documents administratifs, brochures, parchemins et courriers exposés rappellent aussi à quel point ces tragédies ont accéléré la mise en place de mesures d’hygiène et de salubrité, jusqu’à la première loi de santé publique de 1902 ou la création de l’Organisation mondiale de la santé, en 1948. Y figure également, dès l’entrée, le plus ancien registre paroissial conservé en France, comptabilisant les décès ravageurs de la Peste noire dans la petite commune de Givry, en Saône-et-Loire, entre 1334 et 1357.
L'exposition rend compte de la portée résolument sociale et globale de chaque épidémie. Avec une chronologie couvrant six siècles, le parcours en vert et noir reste visuellement homogène, alors que les virus, avec le temps et grâce aux progrès thérapeutiques, furent de mieux en mieux maîtrisés. « C’était important de ne pas avoir des codes visuels montrant un passage de l’obscurité à la lumière », souligne Vanessa Szollosi, responsable du pôle Affaires sociales aux Archives nationales. « Il n’y a jamais eu de passivité ou d’impuissance totale des sociétés. Les manières d’agir et de vivre avec les maladies ont dépendu de la manière dont les gens donnaient du sens à ce…