Cette scène à elle seule raconte l'essentiel du rapport de Gérard Garouste à la peinture : l'importance de la littérature et du Talmud, la réflexion sur les mots et les différents niveaux de lecture. Ici, il plonge dans la tradition juive avec le mythe du Golem, cet être de terre glaise à qui le Maharal de Prague donne vie simplement en écrivant un mot, « Emet » (vérité) et la lui retire en supprimant juste une lettre. Garouste s'inspire d'une scène du Journal de Kafka et incarne l'alchimiste dément. Ses proches donnent leurs traits aux étudiants : l'avocat Olivier Coutard, le médecin et philanthrope Francis Charhon, le réalisateur Joël Calmettes, son fils Guillaume, son épouse et artiste Élizabeth, et le collectionneur Stéphane Magnan. Cette œuvre est présentée dans la grande rétrospective que le Centre Pompidou consacre au peintre français (jusqu'au 3 janvier), véritable consécration d'une carrière de plus de 40 ans. eN 140 peintures, quelques sculptures et une installation (l'incroyable Dive Bacbuc inspirée de Rabelais), l'exposition est dense tant Garouste, depuis les années 1980, a privilégié les grands formats. Dans chaque tableau, l'artiste met en image une histoire à décoder, dans laquelle il même les mythologies grecques, collectives et individuelles, mais aussi la littérature (Dante, Cervantes, Kafka...) et les études talmudiques. Il peint son monde, ses forces et ses fragilités, ses questionnements sur lui-même et sur le sens de la vie.
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