Pour libérer toute la puissance créatrice de l’institution dont il a pris les rênes depuis février, son nouveau président a d’abord imaginé de la soigner. Accompagné d’Adélaïde Blanc, curatrice et coordinatrice de la direction artistique, il a dévoilé la semaine dernière le premier chapitre de son projet de « Grand désenvoûtement ». La psychothérapie et la permaculture institutionnelles ainsi que l’histoire des mécanismes sous-jacents aux politiques culturelles sont autant d’axes de recherche utilisés pour questionner ce lieu de création, qui termine les célébrations de ses 20 ans en cette fin d’année, mais dont le bâtiment a une histoire plus ancienne. Construit en 1937 pour l’Exposition universelle, il a évolué au cours de ses différentes vies en étant le premier musée français d’art moderne, puis le Centre national de la photographie ou le Palais des arts de l’image avant de devenir, en 2002, le plus grand centre d’art contemporain en Europe. D’où l’ambition de Guillaume Désanges de fouiller à fond l’institution et son histoire, à l’instar d’un véritable corps vivant, en faisant ressortir tous les fantômes et traumatismes qui l’ont hanté dans ses 85 ans de vie. Si Carla Adra fait revivre, grâce à la performance, les histoires personnelles recueillies auprès des équipes du musée, Youri Johnson redonne vie à la première billetterie du centre d’art, reconvertie en poste de sécurité puis en espace de médiation et aujourd’hui grimé en une sorte de caravane de voyants, où l’on peut se retirer comme dans un boudoir. Pendant 10 jours, dans un format hybride entre exposition et festival, les treize artistes, historiens, historiens de l’art et philosophes cohabitent en se partageant l’espace.
« Le Grand désenvoûtement » au Palais de Tokyo, jusqu’au 18 décembre.