« C’est un grand homme pour moi, c’est un sage, c’est un vrai humain. C’est un type que j’aime profondément », affirmait sur Antenne 2 le chanteur Renaud à propos du candidat François Mitterrand lors d’un meeting en mai 1988. Difficile d’imaginer pareille interview aujourd’hui : depuis le mandat de François Hollande, les comités de soutien d’artistes à des candidats ou candidates aux élections présidentielles ont en effet fondu comme peau de chagrin. Pourquoi un tel désamour ?
Stratégies de communication
« Il y a une tradition de compagnonnage entre la gauche et les artistes qui remonte en France au moins aux années 1930, et s’est accentuée avec le Front Populaire en 1936 », explique Jamil Dakhlia, enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication. On pense bien sûr à Pablo Picasso et Fernand Léger, communistes, mais aussi au peintre Boris Taslitzky, très présent au sein de la Maison de la Culture fondée par Paul Vaillant-Couturier en 1935 pour devenir le siège de l’association des écrivains et artistes révolutionnaires. Un peu plus tard, d’autres ont été de fervents soutiens du parti communiste, comme Elsa Triolet et Louis Aragon, Simone Signoret et Yves Montand.
Mais ce n’est qu’au milieu des années 1970 que le candidat à la présidence de la République Valéry Giscard d’Estaing transpose cette pratique à droite : il s’inspire alors des comités de soutien d’artistes aux candidats des primaires américaines. « Giscard ancre l’idée que ces comités sont aussi nécessaires en France », raconte Jamil Dakhlia. Les célébrités qui soutiennent les candidats aux élections présidentielles sont perçus par ces derniers comme porteurs d’une valeur d’influence sur l’électorat français. Des « stars » font partie intégrante des stratégies de…