Les itinérances d’expositions sont chose commune – elles sont souvent le moyen de produire des rétrospectives ambitieuses mais aussi d’amortir des coûts toujours plus élevés de transport et d’assurance. Le partenariat lancé en 2020, en plein Covid, entre la fondation Cartier et la Triennale Milan est plus original – unique selon ses concepteurs – car il s’inscrit dans la durée (8 ans avec au moins un grand rendez-vous par an). Les deux institutions sont à un tournant et redoublent d’ambition. La fondation Cartier, un peu à l’étroit dans les quelque 1 500 m2 du bâtiment de Jean Nouvel à Denfert-Rochereau, devrait quadrupler sa surface en s’installant en 2025 dans l’ancien Louvre des Antiquaires. Elle aura dans trois semaines, le 19 décembre, un nouveau directeur général, Chris Dercon, ancien patron de la RMN, qui épaulera le directeur artistique Hervé Chandès. De son côté, la Triennale de Milan, longtemps belle endormie des années trente dans un immense édifice rationaliste de Giovanni Muzio (de près de 20 000 m2 !), a été secouée par son actuel président, l’architecte Stefano Boeri, qui a voulu l'ouvrir davantage sur l’art contemporain. Il a donné plus d’ampleur à l’exposition triennale qui lui donne son nom (l’actuelle, la XXIIIe, s’achève le 11 décembre) tout en confirmant son statut de temple du design - en inaugurant un Museo del Design italiano en 2019 puis la reconstitution de la Casa Lana d’Ettore Sottsass en 2021.
8 ans, 1300 m2
Pendant 8 ans, la Fondation Cartier exploite à la Triennale un espace de 1 300 m2 pour y faire venir des…