Mis en cause, Anne et Herbert Pfeffer, propriétaires de la galerie Belle et Belle, à Paris, vendaient des œuvres que Frédéric Münchenbach avaient dérobées aux domiciles respectifs de Catherine Hutin-Blay, fille de Jacqueline Roque-Picasso, et Sylvie Balthazar-Eon, fille d’Aimé Maeght. Cet employé de maison a pendant deux ans volé plus de 500 dessins et estampes d’illustres artistes, parmi lesquels Picasso, Braque ou Giacometti. Elles étaient ensuite vendues aux Pfeffer par l’entremise du marchand Antonio Celano. Si l’auteur du vol a bénéficié de la prescription, tel n’est pas le cas des receleurs, dont le délai ne commence à courir que lorsque l’infraction cesse, soit au jour où l’individu se défait de la chose. Ils ont donc été condamnés à des peines allant de un à deux ans d’emprisonnement avec sursis probatoire, à des amendes délictuelles (20 000 et 100 000 euros) ainsi qu’à l’interdiction d’exercer l’activité de marchand d’art (pendant cinq ans) et de gérant (de manière définitive). Des numéros de tirage lithographique trafiqués, l’utilisation de sociétés offshores, l’absence de preuve d’acquisition, de vérification de provenance ou de mention sur le livre de police sont autant d’éléments ayant permis de déterminer que la galerie et les autres prévenus avaient connaissance de l’origine frauduleuse des œuvres. « Tous les critères retenus par la jurisprudence pour analyser la probité d’un marchand étaient réunis », confie Me Nardon, avocat des requérantes. Enfin le tribunal a prononcé la dissolution de la galerie, un geste fort et symbolique. Cependant, en dépit du travail mené par la brigade de répression du banditisme pour retracer le parcours des œuvres, la plupart n’ont pu être retrouvées.