Créée ces 20 dernières années, la collection Paul Allen (1953-2018), cofondateur en 1975 avec Bill Gates de Microsoft, a totalisé 1,62 milliard de dollars (1,6 milliard d’euros), dont 1,5 milliard dès le premier soir, le 9 novembre, où étaient réunis 61 chefs-d’œuvre. Cette vente aux enchères devient ainsi la plus chère de l’histoire, devant la mythique collection Rockefeller de 835 millions de dollars en 2018 (Christie’s), battue par la collection Macklowe (Sotheby’s) dont la dispersion en deux temps en 2021 et 2022 a rapporté 922 millions de dollars.
« C’est une vente extraordinaire à tellement de niveaux ! Elle réunissait tous les critères : la qualité et la rareté des œuvres, leur diversité attirant un large éventail d’acheteurs, la provenance Allen et l’affectation des sommes à des œuvres philanthropiques. Avec le climat que l’on connaît aujourd’hui, c’est extraordinaire que le marché ait tout absorbé », commente l’art advisor Thomas Seydoux (ex-responsable des tableaux impressionnistes et modernes chez Christie's). La force de Christie’s est d’avoir garanti toute la vente à un prix avoisinant le milliard de dollars : les lots majeurs bénéficiaient d’un ordre d’achat irrévocable, c’est-à-dire que des tiers ont garanti l’acquisition des œuvres à des prix élevés. La contrepartie est que si les enchères dépassent les prix garantis, une rétro-commission sur le prix d'adjudication est reversée aux partenaires garants. Ainsi les estimations (hors frais) étaient des prix aboutis, du moins pour les œuvres les plus importantes.
Les lots phares ont donc fait des prix attendus. Pas moins de 5 œuvres garanties autour des 100 millions de dollars ont dépassé ce palier, à savoir Seurat, Cézanne, Van Gogh, Gauguin et Klimt, signant chacun des records en ventes publiques. Les acheteurs sont une majorité de riches Américains, suivis par des Asiatiques qui ont emporté le…