Le Quotidien de l'Art

Politique culturelle

Développement durable : contrainte ou levier d’attractivité ?

Développement durable : contrainte ou levier d’attractivité ?
Virginie Donzeaud, administratrice générale adjointe du musée d’Orsay.
© Photo Sophie Crépy/musée d’Orsay, 2022.

Est-ce que écologie et économie sont compatibles ? Si la question a des allures de sujet philosophique, elle s’applique pourtant de manière très pragmatique à la gestion des musées pris en étau entre deux missions antagonistes : l’exigence environnementale et la nécessité de développer leurs ressources propres.

Un musée écologique ne ferait pas d’expositions, ces évènements temporaires générateurs de revenus, de savoirs et d’attractivité où l’important matériel scénographique, et le voyage des œuvres dans des caisses climatisées à usage unique ne riment pas avec frugalité énergétique. Un musée écologique se concentrerait sur son territoire au dépend de son rayonnement et de sa capacité de diffusion des connaissances, tant pour la programmation d’artistes locaux, l’accueil de chercheurs nationaux que pour la provenance de ses visiteurs. Un musée écologique ne serait donc plus un musée. Pis, son modèle économique en serait profondément bouleversé. Alors, où mettre le curseur entre exposition grandiloquente drainant des flux de publics et de financements et exigence environnementale ? Les considérations environnementales entrainent-elles nécessairement le musée et ses professionnels à renoncer ? « Penser l’écologie en musée ne peut et ne doit se faire sous l’angle du renoncement, rétorque sans ambages Valérie Donzeaud, administratrice générale adjointe du musée d’Orsay. C’est au contraire une question transversale qui doit irriguer toutes les réflexions du musée. Je m’attèle à mettre en place une stratégie RSO [Responsabilité sociétale des organisations, ndlr] dont l’objectif est de répondre à la question : comment un musée se met-il au service de la société ? Nous partons donc de toutes les missions de l’établissement pour envisager la manière dont ils peuvent répondre à des objectifs en matière d’écologie, mais aussi d’égalité des sexes, d’accessibilité, de justice sociale… » Pour ce faire, l’institution mise sur une démarche collaborative où tous les agents du musée sont invités à prendre part. « Le développement durable ne peut être pertinent que s’il embarque tout le personnel, et non s’il est une prérogative de plus dans l’exercice des fonctions de chacun », poursuit l’administratrice générale adjointe. 

Des solutions innovantes

Projet innovant, l’ancienne gare lance un plan de séquestration carbone en utilisant ses tableaux impressionnistes ayant pour cadre Argenteuil pour œuvrer avec un botaniste à la replantation des berges de la cité du Val d’Oise. Au Palais de Tokyo, la démarche de développement durable s’appuie sur un nouveau cercle de mécènes. Intitulé Art et écologie, il a pour vocation de lever des fonds tout en accompagnant l’institution dans sa transition énergétique avec l’expertise du monde de l’entreprise. Refusant l’opposition stérile entre écologie et économie, les musées font du développement durable un levier d’attractivité.

Claude Monet, "Argenteuil", 1875,
huile sur toile, 56 x 67 cm.
Musée de l'Orangerie.
Claude Monet, "Argenteuil", 1875,
huile sur toile, 56 x 67 cm.
Musée de l'Orangerie.
© RMN-Grand Palais (Musée de l'Orangerie)/DR.
Vue du Palais de Tokyo, Paris.
Vue du Palais de Tokyo, Paris.



© Photo Florent Michel.

Vue du Palais de Tokyo, Paris.
Vue du Palais de Tokyo, Paris.
© Photo Florent Michel.
Musée d'Orsay depuis la Seine.
Musée d'Orsay depuis la Seine.
© Photo Patrice Schmidt.
Musée d'Orsay depuis la Seine.
Musée d'Orsay depuis la Seine.
© Photo Patrice Schmidt/Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais.

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