En 2011, Arne Glimcher nommait son fils Marc président-directeur général de la Pace Gallery. Laquelle, de simple vitrine en 1960, est devenue une méga-galerie avec de nombreuses antennes dans le monde entier. Au début de cette année, Arne Glimcher a annoncé qu'il allait prendre la tête d'une autre galerie, indépendante de celle de son fils : 125 Newbury, à New York, un espace de projet plus intime, qui lui permet de revenir à l'essentiel, ou « à ses racines », comme il l'a récemment déclaré. « Je ne pense pas que la retraite existe dans le monde de l'art », dit quant à lui Mathieu Templon, directeur de la galerie Templon, créée par son père Daniel Templon à Paris en 1966. « Les galeristes sont des gens qui ont tendance à ne jamais lâcher », complète à ce sujet Nicolas Rein qui travaille dans la galerie de son père Michel Rein depuis environ deux ans. Les galeristes, ainsi, se refusent à un repos forcé ? Difficile en effet de passer la main, de trouver à qui confier son entreprise lorsqu’on l’a créée de toutes pièces, et une transmission familiale peut, parfois, faciliter la transition, laissant au fondateur la possibilité de garder un droit de regard sur son commerce. Et dans certains cas de figures, les enfants ne sont jamais très loin. « J’ai passé ma vie dans la galerie, raconte Mathieu Templon. Et, dès l'âge de quatre ans, ou même avant, j'ai suivi mon père dans le monde entier, et j'ai rencontré des artistes extraordinaires. » Nicolas Rein, lui, nous parle de son aisance à naviguer dans ce milieu : « c’est naturel pour moi de parler avec les artistes car je les côtoie depuis tout petit ». Pour travailler dans l’art, faut-il nécessairement avoir vécu dedans ? Le marché de l’art est-il toujours une histoire de familles ?
Professionnel et privé : une frontière inexistante ?
Quand Nara Roesler a créé sa galerie éponyme à São Paulo, son fils Daniel était encore jeune. Aujourd’hui, il estime que la galerie a toujours fait partie de sa vie. Au début, toutefois, ni Mathieu Templon, ni Daniel Roesler ne souhaitaient faire partie de l'entreprise familiale. De même, Alex Logsdail, PDG de la Lisson Gallery – créée par son père Nicholas en 1967 – était musicien à l'origine, mais, explique-t-il, « quand je suis venu à New York pour faire un stage au magazine Artforum, je me suis pris de passion pour le monde de l'art ». Nicolas Rein ne dit pas autre chose quand il nous raconte qu'il a fait l'ESSEC puis qu'il a travaillé dans le secteur de la finance et de la publicité. « Travailler dans l'art a toujours été dans un coin de ma tête mais c'est resté bien enfoui, pendant plusieurs années, poursuit le jeune homme. Le déclic est arrivé pendant le premier confinement. J’habitais alors chez mon père et vivre avec lui c'est vivre avec l'art, la galerie, les artistes. J'ai voulu l'aider et ça m'a passionné ». Pendant cette période, Nicolas Rein prend en charge les réseaux…