Dans le milieu de l'art, une opinion fait l'unanimité : Paris est devenue ces dernières années la plus attractive des capitales européennes. Une offre culturelle inégalée à toutes les échelles, une scène artistique dynamique et diverse, de nouveaux lieux privés prestigieux – Fondation Louis Vuitton et Bourse de Commerce –, l'arrivée des deux mastodontes des enchères Christie’s et Sotheby’s dans le giron français… « Paris is blossoming » – Paris est en pleine efflorescence. Depuis New York, Clément Chéroux cite un amateur d'art américain, rentré de France enthousiaste. Après deux années au poste de conservateur en chef de la photographie du MoMA et quatre ans au musée d’Art moderne de San Francisco (SFMoMA), le Français quitte en décembre les États-Unis pour diriger la Fondation Henri Cartier-Bresson, à Paris. Si ce départ semble relativement rapide, les raisons de l'attractivité de Paris lui apparaissent évidentes : « Outre le grand maillage culturel qu'on trouve ici, c'est une ville très cosmopolite, à laquelle on accède facilement de tous les continents, et où on mange très bien – c'est important ! »
Réputée « ville-musée », Paris aurait-elle trouvé la clé du succès en combinant la beauté de son patrimoine ancien et la vitalité des acteurs de l'art qui l'animent – cela malgré la cherté du coût de la vie ? Clément Chéroux explique surtout par « un niveau d'élaboration intellectuelle particulier » le magnétisme qu'exerce la ville, dans le milieu de l'art notamment : « On trouve ici une grande qualité de pensée, une réflexion en dehors de ce qui a été validé par le marché, qui repose sur des intuitions, des sentiments qui ne sont pas forcément guidés par l'efficacité ». Le conservateur, auquel la France manque manifestement, va plus loin : « Il y a un art du détour, de l'arrêt, qui est sensible dans l'importance des cafés et des terrasses – que les Américains nous envient –, où les gens discutent, sociabilisent. » Des qualités qui pour d'autres peuvent être des défauts : « Ce que j'entends le plus souvent…