Avec 15 départs par jour, l’Eurostar Paris-Londres, qui relie les deux capitales en à peine deux heures, ressemble presque à un train régional. À un détail près… Avant de monter dans le wagon, il faut « embarquer » 90 minutes avant le sifflement de la fermeture des portes, passeport international en main. La piqûre de rappel de la sortie du Royaume-Uni de l’espace Schengen se fait au départ et à l’arrivée en gare. La plupart des touristes l’oublient, mais pas les artistes : désormais, il faut un visa pour pouvoir résider plus de trois mois sur les territoires français et britannique. « Le Covid et le Brexit ont été une double pirouette, qui a fait vaciller l’ordre établi, explique Anaïs Lukacs, coordinatrice d’un Mobility Info Point aiguillant les artistes dans leur mobilité en Europe. Les deux événements ont touché toutes les relations diplomatiques bilatérales, mais ils ont été d’autant plus dommageables pour les deux pays qui sont des voisins directs, et entretiennent une relation particulière. »
Un avant et un après Brexit
La majorité des artistes qui sollicitent Anaïs Lukacs jonglent avec les allers-retours pour ne pas excéder les 90 jours de visa permis tous les 180 jours. Une question revient fréquemment : comment faire quand plusieurs résidences, expositions ou contrats se succèdent ? « Il n’y a pas de visa long séjour ou de carte intermédiaire, précise l’experte en mobilité, qui rappelle que les étudiants en école d’art sont également touchés. Si on souhaite dépasser les 90 jours, on tombe dans une logique de titre de séjour. Si on a prévu de s’installer dans le pays, cela en vaut la peine, mais la plupart des artistes n’en ont pas besoin et les démarches sont très lourdes. »
Parmi les programmes auxquels le Royaume-Uni ne participe plus depuis sa sortie de l'Union européenne, le 31 janvier 2020, figure le fameux Erasmus, qui permet aux étudiants de passer un à deux semestres dans une université européenne, avec une petite bourse financière. « Le Brexit a coupé court aux échanges », évoque Maïa Sert, chargée du développement international à l'Association nationale des écoles supérieures d’art (ANdÉA). Pour y remédier, l'ANdÉA a organisé en octobre 2024 une délégation de 20 représentants d’écoles d’art françaises venus visiter deux écoles d’art…