L'histoire de l'art a plus d'une preuve à l'appui pour affirmer que les artistes pressentent l'air du temps et les bouleversements du monde. Ils sont, selon l'étymologie exacte de l'« avant-garde », ceux qui précèdent les troupes. Peut-être faudrait-il ajouter à leurs côtés ces figures préceptrices de la création que sont les curateurs et curatrices. Eux aussi ont de quoi nous surprendre avec leur clairvoyance. C'est du moins ce que l'on peut dire de la commissaire russe Ekaterina Degot, anciennement à la galerie Tretiakov, aujourd'hui à la tête de l'automne styrien - financé à hauteur de 4 millions d'euros par la région, la ville, le ministère de la Culture et des mécènes, cet événement transdisciplinaire est un des plus importants du pays avec près de 50 000 visiteurs. Comme en funeste présage, elle avait décidé d'explorer pour la présente édition la thématique de la « guerre au loin ». Aux confins de la Slovénie, géographiquement plus proche de Ljubljana que de Vienne, Graz, la deuxième ville d'Autriche, occupe historiquement une place proéminente sur la carte des conflits européens - de la bataille de Graz en juin 1809, gagnée par Napoléon une semaine avant Wagram, à la Première Guerre mondiale et au démantèlement successif de l'Empire d'Autriche-Hongrie, jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide, les guerres yougoslaves...
Aux frontières du front
« La présence persistante de…