« Pas toujours réputés pour leurs tarifs abordables, parfois à juste titre, de nombreux musées de la capitale peuvent être visités gratuitement, et ce, en toute légalité, rassurez-vous. » Sous ses airs de boutade, l’accroche de la page du site internet de la Ville de Paris dédiée aux musées pose d’emblée le sujet de la gratuité comme sensible. Opposer la générosité intellectuelle de la culture gratuite à la démarche vénale de la tarification est simpliste. Car force est de constater que le verbe programmatique d’André Malraux – « La culture sera gratuite » – lors d’un discours de 1967 n’est pas en tout point réalisé. Lors de son inauguration en 1793, le musée du Louvre posait la gratuité comme principe fondateur. Depuis 1922, le premier musée de France n’a fait qu’augmenter de manière sensible ses prix. De 12 francs (environ 3,36 euros actuels) en 1983, l’entrée atteint aujourd’hui 17 euros. Pis, la traditionnelle gratuité du premier dimanche du mois a été jetée aux oubliettes en 2014. Si le Louvre n’a pas souhaité répondre à nos questions, l’explication à l’époque tenait dans le bénéfice pour les tour-opérateurs, augmentant leur marge sur le dos du contribuable français.
Recul de la gratuité
La gratuité n’est toutefois pas un vœu pieu. Le musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun est accessible librement pour la totalité de ses activités depuis bientôt quarante ans. À ce pionnier sont venus se greffer les musées de la Ville de Paris (gérés par Paris Musées) en 2002, Dijon en 2004, Rouen en 2016, Avignon en 2018 mais aussi depuis 2020 Angers, Rennes, Le Mans ou Marseille. Nancy, Lille, Tours et Vannes ont récemment étendu les critères de la gratuité. Le musée cher et élitiste serait-il une vue de l’esprit ? Rien n’est moins sûr tant le contexte inflationniste et la crise énergétique rebattent les cartes. À Versailles, le château qui voit sa facture d’électricité doubler en 2022 a augmenté son tarif de 1,50 euro cet été. Et depuis 2017, les jardins sont payants au moment des Grandes Eaux, y compris pour les scolaires (hors lundi). David Péribois, professeur des écoles en Réseau d’Éducation Prioritaire (REP+) ne décolère pas suite à une sortie scolaire de fin d’année : « Après avoir fait le circuit des appartements avec les enfants, nous avons dû renoncer à la visite…