Il est loin le temps où une poignée de personnalités artistiques dessinaient les contours de l’art vivant sur la Côte d’Azur, le temps de Matisse et Picasso, puis, plus tard, le temps des mouvements bien identifiés, tels Supports/Surfaces ou la Figuration libre. Ceux-ci ont laissé un héritage fort, incarné par des musées et une esthétique s’ajoutant à un patrimoine historique et paysager déjà remarquable. Aujourd’hui, quand sonne l’heure d’été, les touristes affluent vers le poids lourd qu'est la région PACA, cotée à 20 milliards d’euros de recettes touristiques annuelles, équivalents à 13 % de son PIB (année de référence 2019). Soit, en termes de fréquentation, la deuxième place derrière l’Île-de-France. Pour sa voisine, l’Occitanie, les recettes touristiques se hissent à 10 % du PIB et, en ce qui concerne les résidences secondaires, elle détient la médaille d’or. Pour la première, le Comité régional de tourisme et la Région Sud ont tracé l’itinéraire des « Routes de l’art moderne et contemporain », afin de valoriser ses 27 collections majeures, tandis que dans la seconde, l’art contemporain se veut un axe fort de sa politique. Mais les chemins de traverse y sont encore peu ou pas assez exploités, et ce n’est rien de dire que les confinements successifs ont accentué cette prise de conscience.
La dynamique de réseaux
« C’était pendant le premier confinement. Jean-Pierre Blanc, directeur de la Villa Noailles à Hyères, et Anne Racine, directrice de la Villa Carmignac à Porquerolles, se sont demandé comment faire pour rester en contact malgré la crise. Ils ont alors décidé de fédérer les lieux du Sud », explique Sibylle Grandchamp, cheville ouvrière de Plein Sud. Né de cette concertation en avril 2020, ce réseau-guide est devenu depuis une association présidée par Xavier Rey, anciennement directeur des musées de Marseille avant de prendre la tête du musée national d'art moderne. À son tour, il souligne « la diversité des 72 membres du réseau, bien représentatifs de trois générations d’acteurs culturels », tandis qu’Anne Racine insiste sur les profils aussi bien publics que privés des structures. L’idée étant de créer des parcours et de rendre visibles des lieux moins connus « dont le visiteur n’a parfois même pas l’idée », ayant généralement tendance à visiter toujours les mêmes. Cette cartographie, qui fait fi des frontières PACA-Occitanie, rejoint l’idée d’un Grand Sud ou d’un Midi, prônée aussi par Numa Hambursin, directeur du Mo.Co de Montpellier : « La proposition artistique du Sud est incroyablement dense par rapport au nombre…