L’art décoratif du XIXe siècle ? Une horreur à éliminer au plus vite ! Au lendemain de la Première Guerre mondiale, c’est la position de Pompeo Molmenti (1852-1928), sous-secrétaire d'État aux Antiquités et aux Beaux-Arts. Cet érudit, auteur d'une monographie de référence sur Tiepolo, qui aidera à faire passer des lois de défense du patrimoine et donnera au musée Correr son actuel emplacement prestigieux place Saint-Marc (il était auparavant au Fondaco dei Tedeschi), n’y va pas de main morte. À Venise, il saccage plusieurs salles des Procuraties nouvelles. Le motif : les libérer « des horreurs qu'y ont laissées les dominateurs étrangers » et effacer le souvenir du Palais royal, conservatoire remarquable de l'art néoclassique. Il n'épargne que celles où est exposé Canova, gloire intouchable. « Ce Palais royal a été victime d’une damnatio memoriae, explique Jérôme Zieseniss, président du Comité français pour la sauvegarde de Venise, association créée par Gaston Palewski, un fidèle du général de Gaulle, à la suite des inondations catastrophiques à Florence et Venise en 1966. On a longtemps considéré ici la période entre la chute de la République en 1797, due aux armées de Bonaparte, et la naissance de la Biennale en 1895, comme insignifiante, vendue aux étrangers, trahissant la grandeur de Venise. Comme si l’histoire s’était arrêtée… La…
Palais Royal : Venise se réconcilie avec son XIXe siècle
Concluant 22 ans de restauration, grâce au mécénat du Comité français pour la sauvegarde de Venise, 11 salles du Palazzo Reale, sur la place Saint-Marc, ont ouvert au public le 15 juillet.