« Gasiorowski, c'est tout. », titre l'exposition – et c'est pourtant trop peu. La petite rétrospective que le centre d'art Le Shed, à Maromme (Seine-Maritime), consacre à l'œuvre de Gérard Gasiorowski, décédé brutalement en 1986 à 56 ans, a les ambitions d'une grande. Elle a pourtant bien failli ne pas avoir lieu : les conditions financières exorbitantes demandées par la Galerie Maeght, qui gère l'estate de l'artiste, l'ont amputée, à deux semaines de l'inauguration, de 90 % des prêts préalablement accordés. Une mise en défaut compensée par les peintures et photographies prêtées par Colette Portal, compagne de Gasiorowski, l'énergie démesurée de Jonathan Loppin, commissaire et directeur du Shed, et un coup de pouce de la fondation Antoine de Galbert. Résultat : en quatre petites salles, l'exposition donne un aperçu de la richesse de l'œuvre de l'artiste. Bondissant, tel un Picabia post-moderne, d'un style à un autre pour échapper au confort sclérosant, Gasiorowski n'hésitait pas à recouvrir ses toiles à plusieurs années d'écart. Grands formats totémiques décolorés, portraits pop, Croûtes dégueulant la couleur, pochettes de vinyles, boîtes en carton et couvertures de livres peinturlurées, séries conceptuelles de formes paysannes à la Monet ou de chapeau (un exercice éprouvé par ses étudiants), tableaux-signes ou arsenal militaire dégoulinant... chaque pièce ouvre des possibles. Jusqu'à cette barque métaphysique de 1971, tombeau noir flottant dans le néant comme une ombre : L’Angélus, de la série « La Fuite du côté de Barbizon » fait référence à Millet et à la brutalité de la mort, dans un ultime épuisement de la peinture.
« Gasiorowski, c'est tout. », jusqu'au 17 juillet au Shed, Maromme, le-shed.com