En 2017, l’égalité femmes/hommes était décrétée « grande cause nationale » en France par le président de la République. La question était dans l’air du temps : au même moment, le hashtag #MeToo, synonyme de libération de la parole des femmes, est devenu planétaire. Dans le domaine de la photographie, on n’a pas attendu que le débat devienne public pour que la question de la représentativité des femmes soit abordée. Dès 2001, dans le secteur du photojournalisme, depuis toujours dominé par les hommes, le prix Canon de la femme photojournaliste voyait le jour, suivi en 2012 du prix Virginia, en 2016 de la revue Femmes photographes et en 2018 du festival Les Femmes s'exposent, à Houlgate. Toutes ces initiatives – et bien d’autres – émanent de femmes. Pour accroître la visibilité et la reconnaissance de la moitié de la population, elles sont passées à l’action en inventant des supports dédiés. On partait de loin : en 2014, les femmes représentaient 15 % des programmations dans les festivals, galeries, institutions et dans l'édition, d'après l'étude La fabrique des représentations réalisée par Marie Docher, photographe et militante, membre du collectif féministe La Part des femmes.
À ces initiatives individuelles ou émanant d’associations s’ajoutent les démarches d’entreprises, comme Kering (groupe de luxe fondé par François Pinault, ndlr) avec son programme Women In Motion qui, dans la photographie, prend depuis 2019 la forme d’un prix récompensant la carrière d’une femme. Et les institutions ne sont pas en reste. Ainsi, au Centre Pompidou, l’exposition Dora Maar en 2019 marqua un tournant, après l'accrochage dédié aux femmes de la collection « elles@centrepompidou », en 2011. Alors conservatrice photo du musée, Karolina Ziebinska-Lewandowska expliquait : « C’est l’une des ambitions du Centre Pompidou que de réinscrire les artistes femmes dans l’histoire de l’art ». Le sujet est abordé dès 2015 sous l’intitulé « Qui a peur des femmes photographes ? (1839-1945) » au musée d'Orsay – qui consacrera en 2024 une exposition à Céline Laguarde, l'une des photographes redécouvertes à cette occasion. Cette exposition va fortuitement être à l’origine du livre Une histoire mondiale des femmes photographes, publié en 2020 chez Textuel par Luce Lebart, historienne de la photographie et commissaire d'exposition, et Marie Robert, conservatrice au musée d'Orsay. Comme le raconte Luce Lebart, qui en a eu l’idée : « Quand Marie Robert m’a sollicitée pour l'exposition, j’ai pris conscience qu’il y avait peu de demandes et que les femmes étaient mal identifiées – en…