Pour l'ambassade d'Ukraine, la photographie est une arme, un moyen de résistance : montée à la hâte, en 3 semaines, par Solomia Savchuk, curatrice au Mystetskyi Arsenal de Kiev, et le plasticien Igor Ouvaroff, « Les Indomptables », présentée dans l'hôtel particulier de la rue de Messine, rassemble 34 clichés de 8 photographes ukrainiens documentant l'invasion russe depuis ses premiers moments. Jeunes artistes plasticiens ou photojournalistes confirmés, ils ont fait le choix de rester dans leur pays pour documenter la guerre au jour le jour, sur le terrain ou depuis leur fenêtre, des civils et soldats en mouvement aux paysages de désolation post-bombardements. S'exposer au danger fait partie du quotidien d'Alexander Glyadyelov, l'un des plus célèbres photojournalistes d'Ukraine, habitué à couvrir les conflits mondiaux et les événements de son pays depuis l'indépendance de 1991 : sa série noir et blanc, suivant l'évacuation des habitants d'Irpin mi-mars, est accompagnée d'un texte martelant les multiples dommages commis par l'armée russe et les violations d'accords répétées. Plus d'un mois après ces prises, difficile de ne pas penser à l'évacuation en début de semaine de l'usine Azovstal à Marioupol, aujourd'hui sous les bombes. Dans l'ère du tout image où la violence s'est banalisée, aucun blessé ou mort n'est montré. L'intention curatoriale est manifeste : dépeindre un peuple faisant face à la guerre avec solidarité, courage et détermination, captant des femmes tissant un filet de camouflage à l'église du Sacré-Cœur du Christ à Lviv (Oleksandr Khomenko, mars 2022) ou un membre de la milice civile, casque sur la tête, arme sous un bras, cage à chat dans l'autre, et un aquarium dans les mains (Mikhail Palinchak, 28 février, Kyiv).
« Les Indomptables », jusqu'au 24 mai au Centre culturel ukrainien, 22, avenue de Messine, 75008, Paris, france.mfa.gov.ua