Tous les deux ans, ils sont une petite centaine d’artistes à jouer les ambassadeurs pour leurs pays au travers d’une installation présentée dans les pavillons nationaux érigés dans les Giardini, jardins luxuriants dans l’est de la ville, au sein de l’Arsenal, et dans tout le reste de la cité. Avec 500 000 visiteurs en moyenne – dont 8000 journalistes – sur six mois, la biennale de Venise est une incroyable plateforme qui permet de toucher le grand public, de peaufiner son réseau et d’espérer accéder ainsi au marché international.
Représenter son pays à la biennale de Venise a longtemps été le fruit d’un intense travail de lobbying mené conjointement par l’artiste et son galeriste afin d’être dans le viseur des curateurs et des directeurs de musées réputés qui ont leur mot à dire sur ces nominations. Des personnalités choyées, invitées aux vernissages, bombardées de dossiers, soumises à d’amicales pressions. La pression est d’autant plus forte que beaucoup d’argent est en jeu. « On peut créer une œuvre qu’on n’aurait jamais l’occasion de créer, imaginer un projet ambitieux qui ne restera pas que dans la tête », nous avait confié en 2011 Christian Boltanski, qui occupa alors le pavillon français avec un dédale d’échafaudages sur lequel était montée une sorte de rotative de journaux faisant dérouler les images de 400 bébés polonais.
Cette année, le budget du pavillon français confié à Zineb Sedira est d'1,19 million d'euros, dont 810 000 abondés par les institutions françaises, gérés par l'Institut français – le reste étant apporté par la galerie de l'artiste, kamel mennour, et le mécénat. Un soutien budgétaire qui concerne aussi les six artistes vivants de la scène française présentés dans l'exposition internationale orchestrée par Cecilia Alemani, de Marguerite Humeau à Vera Molnár. Mais l'apport financier n'est pas le seul aspect du soutien de l'Institut français, rappelle sa présidente Eva Nguyen Binh : « Nous accompagnons la production, la communication, les échanges entre l'artiste et le producteur délégué de la biennale, les équipes techniques, les mécènes, etc. » Soit une dizaine de personnes mobilisées au sein de l'établissement public, de la constitution du jury aux résonances tissées avant et après la biennale. Ainsi une rencontre entre Zineb Sedira et l'artiste Sonia Boyce, qui représente…