Le Quotidien de l'Art

L'image du jour

Marlene Dumas, du début à la fin

Marlene Dumas, du début à la fin

« Hanté.e.s ». C'est le titre d'un brillant essai de la critique d'art Élisabeth Lebovici dans le catalogue de l'exposition « open-end » de Marlene Dumas au Palazzo Grassi - Pinault Collection, à Venise. C'est aussi la sensation persistente qui, longtemps après qu'ils aient quitté les lieux, tient les spectateurs de cette magistrale rétrospective de l'artiste sud-africaine de 68 ans (la première en Italie, toujours attendue en France), conçue par Caroline Bourgeois. La sensation d'une peinture dont les figures silencieuses disent l'essence de la vie – l'amour, l'angoisse, le sexe, la peur, le deuil – dans des face-à-face frontaux, mais jamais autoritaires. Que ce soit une petite fille aux mains imbibées de couleur, un grand nu masculin allongé ou un sexe de femme, les images que Marlene Dumas nous tend agissent comme des miroirs, magnétisent le regard. Non pas dans un langage universaliste écrasant, mais comme des échos intimes aux obsessions humaines. Ainsi de cette terrible Dead Marilyn, masque mortuaire dont les contours se liquéfient déjà, les cheveux tombant raides comme un couperet, dans un amalgame de couleurs diluées gris-bleu évoquant à la fois le pourrissement et la sublimation. Une peinture qui est autant, comme l'indique le titre de l'exposition, une fin qu'un début.

Article issu de l'édition N°2368