Le 1er octobre 2021, un salarié du Frac Champagne-Ardenne, à Reims, a mis fin à ses jours sur son lieu de travail. Depuis plusieurs années, l'équipe est en grande souffrance, avec de nombreux départs et arrêts maladie. Diverses enquêtes ont été engagées par la CPAM, l'inspection du travail ou encore la médecine du travail pour déterminer la présence de risques psycho-sociaux (RPS) au sein du Frac dirigé par Marie Griffay. Vitalie Taittinger, sa présidente, confie : « L'enquête sur les RPS a remis à plat l'organisation. Elle montre que dans ce métier de passion, la pression sur les ressources, les changements vécus de manière forte par une petite équipe qui est comme une famille, et parfois le manque de communication peuvent faire des dégâts. Les gens sont encore très fragilisés ». Quelques mois plus tôt, en avril 2021, le Frac assignait le collectif La Buse (qui examine les conditions de travail dans l'art) pour diffamation, suite à un communiqué publié sur Facebook, en réaction à un post du Frac vantant les mesures prises pour « la prévention des violences et discriminations ». La Buse y faisait part de dysfonctionnements de gestion rapportés par plusieurs personnes sur sa plateforme de signalement. Selon Vitalie Taittinger, le Frac a demandé des preuves de ces accusations sans les obtenir : « Je suis choquée, rapporte-t-elle, car La Buse a une action vertueuse, et doit aller au bout de la démarche pour améliorer le système ». Le 13 octobre 2021, le Frac se désistait de la procédure, désistement acté ce 9 mars par le tribunal judiciaire de Paris qui l’a condamné à verser 1500 euros à La Buse pour la prise en charge de ses frais d’avocat. Dans un communiqué, le collectif affirme que « la gestion du Frac Champagne-Ardenne est un symptôme. Nous ne voulons pas qu'il soit le fusible qui protège un circuit institutionnel qui continuera de produire une violence endémique ». Il pointe « un problème structurel, celui de l’absence d’un vrai contrôle démocratique dans les institutions culturelles » et affirme que « malgré le drame, rien ne semble avoir vraiment changé au sein du Frac, et nous savons que des situations similaires existent dans d’autres institutions culturelles ».