Comme surpris en pleine nature, ces deux arbres ont été saisis sur le motif par le peintre belge Simon Denis (1755-1813) à l’heure où la pratique de l’esquisse en plein air, en accord avec l’idéal des Lumières et la sensibilité romantique, faisait florès chez les jeunes artistes partis s’aventurer dans la campagne italienne. Ces peintures à l’huile, généralement de petit format, qui n’étaient pas destinées à la vente ni aux expositions, mais qui servaient à exercer le regard et l’exécution spontanée, restaient confidentielles. La collection initiée en 2011 grâce au legs de 57 œuvres par l’ancien directeur de la Fondation Custodia, Carlos Van Hasselt, et Andrzej Nieweglowski, enrichie depuis par Ger Luijten, est devenue une référence. L’exposition présente 159 études, la plupart inédites, dont 92 issues de la collection Frits Lugt. S’y ajoutent des prêts de la National Gallery of Art de Washington, du Fitzwilliam Museum de Cambridge et d’une collection privée. Arbres devant une vallée, qui se distingue par un plus grand format que celui de l’ensemble des toiles, fait partie de ces trésors ignorés jusqu’à leur redécouverte au milieu du XXe siècle. Au centre, la force du tronc « musclé », le feuillage dont seule une partie est irisée par une lumière oblique, l’absence d’arrière-plan qui laisse à la vallée son mystère, révèlent la virtuosité de l’exécution, le temps d’un rayon lumineux.
« Sur le motif, Peindre en plein air 1780-1870 » à la Fondation Custodia (121, rue de Lille, 75007, Paris) jusqu’au 3 avril.
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