Cette réforme s’inscrit dans un cadre plus large, qui est la transformation de la haute fonction publique, et dont la mesure la plus marquante est la suppression de l’École nationale d’administration (ENA), remplacée depuis janvier par l’Institut national du service public (INSP). Cette restructuration vise à remplacer les différents corps de la haute fonction publique pour n’en faire qu’un, qui serait celui des administrateurs de l'État.
Carrière plus attractive
Issus d’un concours sélectif et d’une formation exigeante, les conservateurs du patrimoine sont des agents de terrain caractérisés par l’extrême diversité de leurs missions. Ils sont à la fois experts (dans la conservation et dans la valorisation du patrimoine), acteurs de la politique culturelle et patrimoniale de l’État, sans omettre leur rôle dans la recherche et l’enseignement. La réforme est le fruit d’une demande largement portée par la CFDT-CULTURE et défendue par d’autres syndicats, tels que la FSU ou la CFTC. Elle a permis la reconnaissance de cette profession comme un corps d’encadrement supérieur au sein du ministère de la Culture avec des compétences scientifiques fortes. Ce qui, en sus de réaffirmer le rôle et la valeur de ces hauts fonctionnaires, permet une mise au même niveau avec les corps équivalents des filières scientifiques, techniques et administratives. « C’était un point essentiel, pour nous, que le ministère qui nous forme et nous gère fasse aboutir cette réforme », explique Vincent Bouat-Ferlier, représentant CFDT-Culture. En d’autres termes, cela permet de conforter cette profession au niveau de la catégorie A+. C’est un symbole fort, puisque ces derniers faisaient l’objet d’un traitement différencié, moins avantageux, en comparaison des autres corps de l’encadrement supérieur. « L’enjeu était de rendre leur carrière plus attractive, notamment en améliorant leur perspective d’évolution », confie Stéphane Delanoë, de la Direction générale des patrimoines et de l'architecture au ministère de la Culture.
Alignement raté avec les architectes urbanistes
Cette dissymétrie a pu être atténuée avec, entre autres, la création de nouveaux échelons. De surcroît, les conservateurs généraux (grade le plus élevé de la profession) bénéficient dorénavant d’un échelon spécial afin de valoriser leur parcours, dont les fonctions comportent un haut niveau de responsabilité. Cette modification entraîne également une revalorisation des salaires grâce à une nouvelle grille d’échelonnement indiciaire. « Mais, sur ce sujet, il reste encore une marge de progression importante », souligne Vincent Bouat-Ferlier. En effet, l’un des fers de lance des négociations portait sur la volonté d’un alignement indiciaire avec les architectes urbanistes de l'État, corps du ministère de la Culture dont se rapproche le plus celui des conservateurs. Malgré le caractère tout à fait raisonnable d’une telle aspiration, l'administration n’a pas satisfait cette demande, prétextant que la fonction publique ne saurait accepter de telles ambitions. Magali Lachèvre, représentante de la CFDT-CULTURE regrette une telle position : « Il faut reconnaître les avancées, mais l’idée n’est pas simplement d’approcher du déroulé de carrière classique de la haute fonction publique, c’est véritablement de l’atteindre ».
Quelque 900 agents
Cet abonnissement constitue ainsi une première victoire pour la profession et les plus de 900 agents qui la représentent. Il reste cependant des améliorations souhaitables et nécessaires, à l’instar des primes (travail en cours au ministère de la Culture) ou de l’intégration des conservateurs à la Commission administrative paritaire de l’encadrement supérieur. En outre, d’autres attentes n’ont pu aboutir, comme le basculement du concours au niveau du Master. En revanche, il est à noter une nouvelle valorisation des études supérieures, puisque le fait d’être titulaire d’un doctorat à l’entrée du concours est bonifié par une équivalence d’ancienneté de deux ans. Enfin, si ces textes consacrent plus d’envergure aux conservateurs du patrimoine, c’est plus largement l’ensemble de la filière qui en bénéficie. Ces modifications permettent d'avoir de véritables perspectives de carrière et de revalorisation, notamment pour les chargés d’études documentaires, les secrétaires de documentation et les ingénieurs d’études, qui profitent de voies de progression. Prochaine étape : calquer ces avancées pour les conservateurs territoriaux du patrimoine, dont la réforme est actuellement en cours de négociation.