Le Quotidien de l'Art

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Affinités électives

Affinités électives

Jean-Hubert Martin, directeur de musée et commissaire nomade (du Centre Pompidou, où il frappa un grand coup en 1989 avec ses « Magiciens de la Terre », à Düsseldorf, de Berne à Milan), n'aime rien tant que soumettre les objets à des rapprochements inattendus. Il y a du Lautréamont dans cette façon de faire parler des voisinages incongrus. Après une longue carrière, il devient de plus en plus radical dans sa critique d'une histoire de l'art aux classements immuables mais surtout dans notre paresse croissante à exercer une gymnastique du regard et de l'émerveillement. L'œil écoute, disait Claudel. C'est pour réveiller ce sens endormi qu'il procède à ses chambardements : au Grand Palais avec « Carambolages », au musée Pouchkine de Moscou (ouverte jusqu'au 6 février dernier, l'exposition a échappé à la chape de plomb de la guerre) et actuellement au musée d'Art et d'Histoire de Genève. Les œuvres qui cohabitent sur tout l'espace du musée sont tirées des réserves, qui accèdent ainsi à une nouvelle vie avec, en corollaire, une empreinte carbone réduite... Parentés de thèmes mais aussi de formes, de couleurs, d'idées – jusqu'à ce rébus numérique où l'on s'amuse à compter les personnages des tableaux accrochés pour reconstituer une suite logique... L'absence de cartels fait partie du jeu et contribue à plastiquer la pyramide déjà fragile de nos connaissances. Qu'on se console : on n'a cessé de faire du jus de crâne face à cet assortiment qui déboussole en se répétant une antienne stimulante : pourquoi ? 

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Édition N°2908 / 09 octobre 2024

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Article issu de l'édition N°2338