À Crans-Montana, l’altitude favorise le dialogue de l’art avec les esprits. Dans les Alpes valaisannes, transcendance, spiritualité et détournement font partie de l’ascension. Devant un « autel de bord de route » hindouiste, Jean-Hubert Martin, commissaire aux côtés du Hollandais Tijs Visser (ex-rédacteur en chef de Janus, magazine d'art belge) et du Bruxellois Georges Petitjean, secoue la doxa : « Les ethnologues ont longtemps affirmé que l’art, invention occidentale, n'existe pas dans les sociétés africaines. Artiste contre artisan, notre culture impose cette dichotomie absente des cultures non occidentales. L’art a longtemps été quête de transcendance. Dans un musée d'art médiéval, les objets religieux appartiennent au passé. L’objet d’art transcendantal ne saurait être contemporain… Une limite de notre pensée matérialiste. » Au XXe siècle, peu d’artistes croisaient religion et art moderne. Sans se relier au divin (du latin religere, origine de « religion »), Kazuo Shiraga, fondateur du mouvement Gutai dans les années 1950, faisait exception. Plus récemment, une jeune génération, notamment africaine, revisite sa culture autochtone. Ainsi, avec son Masque Tso Cri Léopard, le Camerounais Hervé Youmbi, renverse les distinctions occidentales entre art traditionnel et art contemporain africain.
« Rien de trop beau pour les dieux », jusqu'au 20 avril à la Fondation Opale, Crans-Montana, Suisse.
fondationopale.ch