Les comptes de l’an passé à peine bouclés (voir QDA du 14 février), voici que les chiffres de fréquentation des expositions 2022 tombent et déjà font concurrence. La lauréate du palmarès 2021, « Georgia O’Keeffe » au Centre Pompidou, qui avait attiré 297 893 visiteurs, est déjà dépassée par « Signac collectionneur » au musée d’Orsay. Du 12 octobre 2021 au 13 février 2022, 356 142 personnes se sont déplacées dans les nouvelles salles d’expositions temporaires pour y découvrir 153 œuvres. Un résultat qui rivalise également avec l'exposition organisée dans la même veine par l'Orangerie fin 2019 sur Félix Fénéon, peintre, mais aussi collectionneur, galeriste et éditeur, et qui avait drainé 225 626 visiteurs. Fruit d’une collaboration avec les archives Signac, l’exposition éponyme se présentait comme le premier recensement – établi grâce à la correspondance, le journal, mais aussi le carnet dans lequel l'artiste consignait ses achats – des peintures, dessins et estampes lui ayant appartenu. De son premier achat (un paysage de Cézanne) à ses acquisitions plus tardives (Matisse, Kees Van Dongen...), le parcours initiait un dialogue entre ses activités parallèles de peintre et de collectionneur. De ses aînés impressionnistes à ses contemporains néo-impressionnistes et nabis, Signac s’inspire autant qu’il participe de l’avant-garde. Un engagement pour l’art et la création que l’on retrouve dans son Journal, édité pour l’occasion par Gallimard avec le musée d’Orsay. Ces 648 pages, écrites entre 1894 et 1909, permettent de continuer la (re)découverte d’un Signac qui peint, mais aussi qui collectionne et écrit, « avant tout pour voir clair dans son cœur et son esprit », ainsi que l’exprime son arrière petite-fille Charlotte Hellman dans sa préface.
À lire : Paul Signac, Journal, 1894-1909, gallimard.fr