Le Quotidien de l'Art

L'image du jour

Le Bon Marché sous les eaux

Le Bon Marché sous les eaux

Suspendus aux verrières centrales du grand magasin parisien, les icebergs bleutés de Mehmet Ali Uysal projettent l'illusion d'une montée des eaux en plein cœur de la cathédrale du commerce, pour reprendre les mots de Zola. Elle est ici transformée en cathédrale de glaces sous l'impulsion de l'artiste turc, dans le cadre de la carte blanche donnée chaque année. Les trois installations de Su ( « eau » en turc) cumulent sculptures et projections lumineuses, dont le mouvement et l'iridescence suggèrent la rêverie autant que la réflexion sur la vulnérabilité des icebergs et le symbole climatique qu'ils incarnent. Architecte de formation, diplômé en sculpture de l'école des Beaux-Arts d'Ankara, l'espace obsède et hante Mehmet Ali Uysal : « De l'utérus à la tombe, nous ne faisons que transiter d'un espace à un autre. C'est cette réflexion qui m'anime en permanence, confie-t-il. Quand le Bon Marché m'a contacté il y a deux ans, j'étais totalement étranger au lieu. J'ai appris son histoire, sa symbolique, son aura. Cette exposition me permet de projeter en ces lieux mes préoccupations sur la crise climatique, et de mêler le naturel au culturel ». Pour celui qui ne se revendique pas militant écologiste, mais dont la sensibilité à la cause s'est accrue avec la pandémie, l'eau et ses variations l'enjoignent à développer une vision plus méditative que catastrophiste : au dernier étage se dévoile un grand bateau blanc dont la silhouette s'inspire des origamis, allégorie d'une arche de Noé – depuis ses hublots devenus écrans, les visiteurs peuvent se laisser porter par le mouvement perpétuel des vagues.

À lire aussi


Édition N°2916 / 21 octobre 2024

8

Les musées parisiens participant à la rétrospective Barbara Chase-Riboud

Par Jade Pillaudin


Entre or et rouille
Article abonné

L’eau, source « primordiale » de vie
Article abonné

Article issu de l'édition N°2313