Après 7 ans de travail, le portail numérique consacré à Marcel Duchamp (1887-1968), fruit d'une collaboration entre trois institutions – le Philadelphia Museum of Art (qui a notamment bénéficié d'une aide de 350 000 dollars du National Endowment for the Humanities), le Centre Pompidou et l'association Marcel Duchamp –, a été porté hier sur les fonts baptismaux. On y trouve aussi bien des notes griffonnées au téléphone que des bordereaux de prêt d'œuvres, une facture de 1969 (paraphée par la toute jeune Anne d'Harnoncourt, qui commençait sa carrière au musée de Philadelphie) pour de « vieilles briques espagnoles » acheminées par la Pan Am pour l'installation Étant donnés, que sa carte d'identité délivrée le 8 septembre 1950 par le consulat général à New York. Cartes de vœux, télex et correspondance plus détaillée (avec les Arensberg, Brancusi, Calder, Man Ray, Arturo Schwarz...), photos et croquis : toute la vie – ou presque – de l'inclassable artisan des avant-gardes y est à portée de clic. Aurélie Verdier, conservatrice au Centre Pompidou, qui fait partie des maîtres d'œuvre, se « félicite de ce projet tripartite et transatlantique entre institutions aux identités distinctes » et se dit « certaine qu'il attirera au-delà des historiens de l'art et des commissaires d'exposition, tant la personnalité de Duchamp est magnétique ». Certes, tout n'y est pas référencé, notamment certaines collections allemandes ou celle de la Beinecke Library à Yale. « C'est un processus en cours, pionnier – qui pourra inspirer des projets analogues pour d'autres figures comme Brancusi – et qui a évidemment vocation à s'ouvrir à d'autres archives. » Le lancement officiel, ce mercredi soir à Beaubourg, se fera avec une intervention de l'artiste Mathieu Mercier, héritier spirituel qui a obtenu à bon escient le prix Marcel Duchamp en 2003...
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