Début janvier, à l’heure des bilans, les musées ont voulu faire bonne figure, signalant presque tous une hausse de fréquentation par rapport à 2020, année « blanche » ou plutôt noire. Dans les faits, on reste loin, très loin des niveaux de 2019 : 2,8 millions de visiteurs au Louvre en 2021, contre 9,6 millions en 2019, 2,5 millions au château de Versailles, contre plus de 8 millions deux ans plus tôt. Le Centre Pompidou a été visité par 1,5 million de visiteurs – dont près de 300 000 pour la seule exposition Georgia O'Keeffe. Mais c’est moitié moins que les 3,3 millions de visiteurs enregistrés deux ans plus tôt. Surtout, ces chiffres taisent une donnée cruciale : ce public, majoritairement local, se compose pour beaucoup de jeunes bénéficiant de la gratuité ou de tarifs réduits. Ce qui n’arrange pas les comptes…
De fait, les pertes en 2021 restent importantes. Au château de Versailles, elles s'élèvent à 70 millions d’euros, soit autant qu’en 2020. « On a eu la même durée de fermeture, voire un peu plus, remarque sa présidente Catherine Pégard. Alors qu’on espérait une reprise du tourisme en septembre, les étrangers ne sont pas venus. » Même son de cloche au Centre Pompidou, où sa directrice générale Julie Narbey espérait une reprise à l’automne. « On avait fait des prévisions optimistes en septembre, en pensant renouer avec les 70 % de fréquentation internationale d’avant Covid, confie-t-elle. Mais en décembre on a vu un fléchissement avec la montée du variant Omicron. » De fait, les pertes du Centre Pompidou se chiffrent à 13 millions d’euros, presque autant qu’en 2020. Aux musées d’Orsay et de l’Orangerie aussi, le déficit se mesure en millions d’euros : 24,7 précisément, qui s'ajoutent aux pertes de 22,6 millions subies en 2020. « On a divisé par deux les recettes liées aux concessions, locations et expositions internationales », reconnaît Pierre-Emmanuel Lecerf, administrateur général des deux établissements.
Musées et monuments, qui pensaient avoir traversé le pire, entament du coup la nouvelle année dans l’incertitude. Ceux relevant de la responsabilité de l’État ont été massivement aidés. Le Centre Pompidou a ainsi perçu 28,7 millions d’euros sur trois ans (2020, 2021, 2022). Orsay et l’Orangerie ont été perfusés de 50 millions d’euros. Assez, selon leur président…