« J'ai du mal à regarder en arrière ». C'est avec une certaine douleur que Jean-Louis Froment se remémore l'aventure du CAPC-musée d'art contemporain à Bordeaux, qu'il créa et dirigea pendant vingt ans, et qui fête à partir de demain son quarantième anniversaire. Ce lieu fut parmi les tout premiers espaces français d'art contemporain à jouir d'une aura internationale. « Le milieu de l'art était inexistant, cette époque était en attente d'être nommée. C'est à ce moment qu'est apparue la terminologie "art contemporain", qui s'est substituée aux avant-gardes. Une fois cet art contemporain nommé, il fallait en préciser les tenants. Le CAPC, comme la revue Art Press, se sont retrouvés à ce moment de prise de parole », raconte Jean-Louis Froment, en forant lentement dans le passé. Il a alors 24 ans, enseigne à l'école des beaux-arts de la ville, invite Claude Viallat et Gina Pane à intervenir, pratiquant un « non-enseignement » qui fait jaser dans l'établissement. Au point qu'il doit s'en expliquer devant le maire Jacques Chaban-Delmas et son épouse Micheline. « Il m'a dit : "puisque vous avez une grande gueule, faites une manifestation d'art contemporain" », rappelle Jean-Louis Froment. Sitôt dit, sitôt fait,…