C'est lors du décès du collectionneur germano-autrichien Cornelius Gurlitt (1932-2014), dont le père fut un marchand d'art ayant servi le régime hitlérien, que le Kunstmuseum de Berne (Suisse) s'est vu attribuer la collection qui lui appartenait, constituée d'environ 1600 œuvres. L'institution avait accepté ce legs tout en déclinant son droit de propriété pour les œuvres spoliées par les nazis, dans le cadre d'un accord conclu avec l'Allemagne. Après plusieurs années de recherches par des experts internationaux indépendants, le musée a annoncé vendredi qu’il renonçait à entrer en possession de 29 œuvres dont la « provenance est encore incertaine et/ou contient des indications ou des circonstances suspectes ». Dans cet ensemble figurent deux aquarelles d'Otto Dix, Dompteuse et Dame dans sa loge (1922), réclamées par les héritiers de l'avocat Ismar Littmann (1878-1934), cinq pièces rendues à la République fédérale d’Allemagne et vingt-deux autres œuvres. Ces dernières demeurent au Kunstmuseum de Berne pour de plus amples recherches. L'institution avait déjà restitué neuf objets dont la spoliation avait été prouvée. Vingt-huit œuvres dont il a été démontré qu'elles n'ont pas été pillées ont été conservées, ainsi que 246 autres œuvres créées par des membres de la famille Gurlitt, Heinrich Luis Theodor Gurlitt (1812-1897) et Cornelia Gurlitt (1890-1919), et près de 1100 œuvres de provenance « incertaine, mais pour lesquelles il n'existe ni preuves de spoliation par les nazis ni circonstances suspectes ». Ont par ailleurs été exclues des recherches 270 œuvres « de portfolios démembrés et autres pièces réalisées en série ». Si l'investigation continue (l'institution compte notamment traiter une autre demande de restitution émise par les héritiers de l'avocat Fritz Salo Glaser), les conclusions de cette première phase de recherche ont été rendues publiques et sont disponibles en ligne. Le musée prévoit de consacrer en 2022 une exposition à la collection Gurlitt.
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