On peut certes adresser des critiques à cette Biennale nouvelle mouture, qui s'est tenue pendant 10 jours : petit nombre d’exposants (moins de 60) par rapport aux grandes années où ils étaient plus du double ; aspect hétéroclite des œuvres proposées, de la Préhistoire à l'art le plus contemporain ; gamme très large de prix, de moins de 1000 euros à plus de 3 millions. Selon un autre point de vue, il peut aussi bien s'agir de qualités : facilité de circulation dans des allées cossues ; ouverture à de nouveaux publics ; éclectisme indispensable après le déclin du XVIIIe siècle français, qui a fait les belles heures du passé.
Des prix hauts et bas
Anthony Meyer, connu pour ses pièces d'art océanien, présentait un stand qui peut résumer cette nouvelle approche. S'il avait vendu une pièce muséale autour de 100 000 euros, il présentait aussi des haches polies plus accessibles (de 1900 à 21 000 euros) et associait aux figures et idoles des îles un albâtre de Nottingham, un tableau du Monogrammiste D.R. (XVIIe siècle) ou encore des dessins de Warhol... « Je n'emploierais pas le terme de cabinet de curiosités que je trouve galvaudé, mais celui de jardin secret, expliquait-il. Il s'agit de montrer que nous ne sommes pas cantonnés à nos spécialités mais que nous ouvrons sur l'universel. Et je trouve important de prêter attention aux petits et moyens collectionneurs, qui deviendront grands. Ce qui importe d'une œuvre, ce n'est pas son prix, qui semble être devenu le critère essentiel, mais sa qualité. » Son de cloche identique chez un nouveau venu, Julien Flak, spécialiste des arts premiers, qui proposait un focus sur les arts d'Alaska et de Colombie-Britannique. « Nous avons vécu une excellente soirée de vernissage, avant de connaître un moment de creux... Et tout est reparti avec la nocturne et le weekend qui a suivi. J'ai présenté de très belles pièces issues des cultures chamaniques, notamment un spectaculaire masque double à transformation du XIXe siècle en provenance de la région de l'île de Vancouver », détaillait le galeriste, heureux de la situation de son stand au pied de la tour Eiffel. Côté clients, il situe la fréquentation à deux…