L’entrée scolaire à l’Ensa de Bourges, l’une des six écoles nationales d’art en France, a eu lieu dans la plus grande incertitude. Les enseignants ont hésité à exercer leur droit de retrait, confrontés à un bâtiment en partie fermé pour raisons de sécurité et obligeant les équipes à investir plusieurs sites précaires de la ville, à qui appartient l'ancien collège des Jésuites où est logée l'école. « Alors que notre capacité est de 200 élèves, on en a accueilli seulement 150. Cette baisse est directement imputable à la situation que nous subissons. L’école pourrait ne pas tenir le choc », explique sa directrice Jeanne Gailhoustet, alors que l’état des lieux laisse présager de travaux sur une dizaine d’années. Sur la table, deux hypothèses : déménager à Turly, dans l’ancien siège d’Axéréal, ou engager une réhabilitation du site historique, estimée à 15 millions d’euros. La communauté d’agglomération et le maire de Bourges ont plaidé, début septembre, pour un maintien sur le site auprès du ministère de la Culture, sans consultation des professeurs qui ont signé une lettre affirmant que l’« école est devenue le centre d’une spéculation patrimoniale et son projet pédagogique et artistique est devenu totalement annexe ». Lassés de constater que « le projet pour l’école n’a pas avancé, il donne même l’impression de reculer », ils affirment qu’enseigner parmi les étais, sans amphithéâtre, salles vidéo, galerie d’essai ou bibliothèque « ne peut pas être un horizon ». L'école de Bourges reçoit 30 % de moins de dotation que les autres écoles nationales et est la seule dont la tutelle n'est pas propriétaire des lieux.