Après le Rijksmuseum d'Amsterdam, qui a entrepris un long travail de recherche sur le passé esclavagiste des Pays-Bas, dont témoignent notamment ses collections (lire le QDA du 22 juillet 2021), la National Gallery de Londres a débuté une étude minutieuse des personnalités liées à l'esclavage ayant eu un rôle important dans l'enrichissement de ses collections. Le chantier est vaste puisque la période couvre les années 1640 à 1920. Il prend place au sein d'un projet plus large, initié en 2018 au niveau national, intitulé « Legacies of British Slave-Ownership », et qui concerne les « collectionneurs, amateurs, donateurs et fondateurs de musées et de galeries à travers la Grande-Bretagne (qui) étaient des propriétaires d'esclaves ou bénéficiaient financièrement du commerce des esclaves ». La première liste de personnes publiée inclut notamment John Julius Angerstein (1735-1823), dont 38 œuvres furent achetées en 1824 par l'Etat britannique pour la fondation du musée. Assureur maritime, Angerstein était administrateur de plusieurs propriétés faisant travailler des esclaves dans des îles des Antilles. Il était aussi le propriétaire, notamment, du portrait du pape Jules II par Raphaël, ou encore de L'Enlèvement des Sabines de Rubens, aujourd'hui conservés à la National Gallery.