On les disait au bout du rouleau, fragilisées par la pandémie, presque obsolètes. Le groupe ibérique IFEMA, qui, organise notamment la foire d’art contemporain Arco à Madrid, a perdu les deux tiers de son chiffre d’affaires en 2020. Messe Schweiz, qui organise Art Basel et ses excroissances à Miami Beach et Hong Kong, accuse un manque à gagner de 29,4 millions de francs suisses au premier semestre 2021. Au gré des confinements, une petite musique avait commencé à monter : et si le Covid-19 permettait de se défaire de l’addiction aux foires d’art, coupables d’avoir lassé les collectionneurs et alourdi nos bilans carbone ? Passé l’effet de sidération, d’autant plus grand que les galeries engrangeaient 46 % de leur activité en moyenne sur les foires, certains marchands ont cru voir une opportunité dans les annulations en cascade : revenir à une échelle plus humaine, au porte-à-porte, au one-to-one personnalisé. Objectif numéro un de 79 % des marchands en 2019, la participation aux foires n’était plus qu’au huitième rang de leurs priorités pour les deux années à venir, à croire le rapport Art Basel/UBS paru en septembre 2020. Normal : les foires étaient annulées les unes après les autres ou reportées aux calendes grecques. D’abord réticents, les collectionneurs eux-mêmes semblaient s’être accommodés du numérique : les ventes en ligne ont connu un bond de 72 % au premier semestre 2021, selon le dernier rapport établi par Hiscox. Et, toujours selon cette étude, elles pourraient représenter 25 % de l’ensemble du marché d’ici la fin de l’année.
Et pourtant… À peine l’horizon s’est-il éclairci après les derniers déconfinements que les galeristes se sont précipités comme un seul homme dans les foires. « On est si contents d’être là, j’ai besoin de voir mes confrères, de revoir le monde en…