Djidji Ayokwe, « tambour parleur » des Ebrié de Côte d’Ivoire, va bientôt être restitué par la France. Volé par les colons en 1916 dans un faubourg d'Abidjan, l'instrument rituel en bois de 3,30 mètres de long, fendu et orné d'un léopard bondissant, est aujourd'hui conservé au musée du Quai Branly, après avoir été présenté au musée de l'Homme. D'après le site des collections du Quai Branly, il était utilisé « pendant la période de "recrutement" pour la construction de routes afin d'annoncer l'arrivée des colons dans les villages et permettre aux hommes de fuir »... La charge symbolique de l'objet, réclamé de longue date par la Côte d'Ivoire, fait de sa restitution « un geste fortement historique », selon Clavaire Aguego Mobio, chef traditionnel Ebrié. Interrogé par l'AFP, il explique : « Ce tam-tam parleur va rappeler notre histoire et revaloriser notre peuple dont les traces sont en train de disparaître avec l’urbanisation sauvage de l’agglomération d’Abidjan. La disparition du tambour avait beaucoup déstabilisé l’organisation sociale et traditionnelle des Ebrié ». Fin 2018, la Côte d’Ivoire a officiellement demandé à la France la restitution de 148 œuvres d’art. Le Djidji Ayokwe sera la première à revenir dans son pays. L'annonce fait suite à celle de la restitution au Bénin de 26 pièces du trésor du palais royal d'Abomey, pillé par les Français en 1892. Le 13 octobre, le Sénat a fait savoir que ces restitutions décidées unilatéralement par Emmanuel Macron relevaient du « fait du prince » et, dénonçant la suppression arbitraire de la Commission scientifique nationale des collections en 2020, souhaite former un « Conseil national de réflexion sur la circulation et le retour de biens culturels extra-européens ».