Si l'urgence de traiter la question des restitutions de biens culturels spoliés n'échappe plus aux institutions publiques concernées, la concrétisation des recherches s'avère souvent complexe. Pistes brouillées par certains marchands, falsification des provenances, archives éclatées, informations parcellaires, perte des documents de l'administration coloniale... L'état des sources, notamment pour les 150 000 objets africains conservés dans les collections françaises, est lacunaire. Particulièrement touchés par le sujet, le musée du quai Branly et celui de l'Armée ont publié en décembre 2023 un livret numérique en libre accès faisant état des sources et outils disponibles en France et, dans une moindre mesure, à l’étranger, pour les recherches sur les biens culturels issus de contextes coloniaux et présents (mais pas uniquement) dans les collections publiques françaises. Le document d'une soixantaine de pages a été rédigé par un groupe de huit professionnels du quai Branly, du musée de l'Armée et de celui de la Musique. Il propose un panorama synthétique des principaux fonds d’archives et de bibliothèques, des bases de données et des références bibliographiques, en France et à l’étranger, pouvant être utile à toute personne travaillant sur l’histoire des objets et des collections acquis en contexte colonial. Le livret précise en amont que le « contexte colonial » est à comprendre « comme un espace et un temps de domination et de déséquilibre des rapports de force politique : il ne porte pas seulement sur les territoires anciennement colonisés par la France, puisque des biens issus de pays où la France n’était pas présente sont conservés dans des musées français », et que cet état des sources porte plus spécifiquement sur la période de la « seconde colonisation », du début du XIXe siècle aux indépendances de la seconde moitié du XXe siècle.