Le château de Haroué, figure de proue d'un petit village de la campagne lorraine, et la maison-atelier Wogenscky-Pan, villa moderniste située au terminus du RER B à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, n'ont a priori pas grand-chose en commun. Ce sont pourtant deux édifices privés que le Centre des monuments nationaux (CMN) ouvre, depuis juin 2021, à la visite. Voilà un signe fort que l'opérateur public, qui a pour mission de mettre en valeur, de rendre accessible et de restaurer les monuments nationaux, continue d'élargir le champ des sites dont il a la charge. Depuis une décennie, et après avoir vu la gestion de certains de ses monuments phares partir dans le giron des collectivités territoriales (notamment le Haut-Kœnigsbourg en 2007), le CMN a repris de l'embonpoint. Bien sûr, il s'est vu confier par la Présidence de la République en 2013 et 2018 la charge des mastodontes du patrimoine étatique que sont l'Hôtel de la Marine ou le château de Villers-Cotterêts (à l'époque sans affectation), mais il a également élaboré des partenariats avec des organismes publics divers, ayant des difficultés à assurer le développement touristique de leur patrimoine. Il s'est ainsi rendu gestionnaire de deux demeures de la Côte d'Azur : la Villa Kérylos en 2016 ou la Villa E-1027 en 2018.
Il faut dire que le CMN ne manque pas d'attraits pour un propriétaire de monument en quête d'appui : il coordonne un solide réseau d'une centaine d'édifices de toutes périodes et de tous types disséminés sur tout le territoire. Il emploie 38 administrateurs gérant plusieurs monuments sur une même zone géographique. Son système de péréquation permet aux monuments les moins rentables d'être portés et soutenus par les plus gros. Et il affiche une santé relativement florissante, multipliant les projets que la crise même n'a pas réussi à freiner (lire le QDA du 10 février 2021). Au point que des privés détenteurs de biens exceptionnels, dépassés par…