Le monde culturel ibérique a longtemps vécu sous dialyse publique. À l'époque où la péninsule passait pour l'élève modèle de l'Europe, les musées ont bourgeonné en symboles de modernisation, coquilles souvent vides, abondamment financées par les communautés autonomes, les municipalités ou l'administration centrale. La crise qui a foudroyé la quatrième économie de la zone euro, portant son taux de chômage à 25 %, a gravement affecté le fonctionnement de ces lieux tributaires de subsides publics. Face à des coupes de 30 à 50 % depuis 2009, ces derniers doivent geler leurs achats ou réduire la voilure des expositions. Ainsi, selon les données de l'Observatoire de la culture, antenne de la Fondation pour l'art contemporain, si Madrid et la Catalogne reçoivent toujours des satisfecits pour leurs programmations culturelles, des communautés autrefois dynamiques comme la région de Murcie voient leur notation chuter. Une dégringolade qui pourrait s'aggraver. D'après le rapport publié en décembre par cet organisme, 21,7 % des institutions vont accuser des baisses de subventions supérieures à 30 % en 2013. Assiste-t-on à une mort par lente asphyxie du monde culturel espagnol ? Pas vraiment, car après avoir été sonnées, beaucoup de structures se sont ressaisies. « Ce…